Alice Penda

The Scapegoats of Capitalism by Alice Penda

Les inégalités résultant de l’implantation du capitalisme européen dans les pays africains.

Les populations africaines ont-elles conscience d’être les otages de la “croissance économique” mondiale? Se rendent-elles compte de ce que la “course” à l’argent ne sera jamais une solution à leur développement en tant que personnes autonomes?

Le développement de l’Afrique n’est possible que sur la base d’une rupture radicale avec le système capitaliste international, qui a été le principal agent de sous-développement de l’Afrique au cours des cinq derniers siècles. Cette déclaration de Walter Rodney inspire l’affirmation d’Alice Penda: Le capitalisme est un système maître/esclave dont les Africains sont les boucs-émissaires. L’industrie de l’or vert d’Afrique asservit les populations d’Afrique, au profit des pays développés. C’est ce que je voudrais rendre visible

En résumé, depuis leur rencontre avec les colons européens, les Africains ont été floués par l’idée selon laquelle l’argent est une richesse. On leur a appris à gagner de l’argent par le biais de l’or vert (café, cacao, caoutchouc, thé, …), pour avoir la possibilité d’importer des biens et services des pays développés. Ainsi, consacrant leur temps, leur terre et leur énergie à une production inexploitable ; empêchés de créer et de travailler pour subvenir à leurs propres besoins – en alimentation, habillement, logement, déplacement, santé, éducation, défense, … – ils dépendent totalement des solutions de l’Occident.

Par ailleurs, la monnaie XAF qui donne accès à ces importations occidentales est créée, manipulée et cotée par les pays développés qui définissent les termes de l’échange. En contrepartie, les nations dominantes leur donnent juste le minimum vital ; gardant ainsi le contrôle sur la main-d’œuvre et les terres africaines. Ce système d’«indirect rule» permet aux pays européens de posséder légitimement des esclaves africains dans leurs anciennes colonies ; et, d’obtenir sur le long terme, une Afrique sans Africains.

Le propos sans filtre de Penda n’est rien de moins qu’un écho vibrant de la notion de contemporaine brutalisme. Ce concept du philosophe Achille Mbembe est parfaitement illustré par ces images numériques colorées, monochromes qui se voudraient relaxantes. Elles évoquent le caractère paradisiaque d’un continent qui souffre d’avoir été incorporé dans une matrice dévastatrice.

Dans le sillage de Jonathan Swift pour qui « la mission de l’art est de voir l’invisible », l’artiste met en image le caractère pernicieux des économies postcoloniales. Au centre de chaque pièce de monnaie XAF, figure des ouvriers africains de taille réduite, au service d’une main humaine géante. Ces scènes expriment littéralement l’idée qu’à travers le prisme du capitalisme, les agriculteurs d’Afrique sont un groupe de Lilliputiens asservis à un Gulliver occidental.


The imbalances resulting from the implementation of European capitalism in African countries.

Does African populations realize there are hostages of the global “economic growth”? Do they notice, that “chasing” money will never be a solution to their development as autonomous human beings?

African development is possible only on the basis of a radical break with the international capitalist system, which has been the principal agency of underdevelopment of Africa over the last five centuries. This statement of Walter Rodney inspires Alice Penda’s claim: Capitalism is a Master/Slave system whose Africans are the scapegoats. I would like to depict the fact that producing the green gold of Africa is maintaining African populations in situations of enslavement; under the control of developed countries.

Effectively, since their encounter with European settlers, Africans have been fooled by the common knowledge that money is wealth. They have been taught to chase money via the green gold (coffee, cocoa, rubber, tea, …), in order to import goods and services from developed countries. Investing their time, land and energy to produce items they don’t need themselves; deprived from creating and working to fulfill their own needs – in food, dressing, housing, displacement, health, education, defense, … – they have been kept in a situation of total dependency on solutions from Western countries.

Besides, the XAF currency which give access to these western importations is created, manipulated and rated by developed countries who define the terms of exchange. As counterpart, the West provide just enough to survive, thus keeping control on African workforce and lands. This “indirect rule” enables European countries to legally own African slaves in their former colonies; and, in a long term basis, to obtain an Africa without Africans.

Quite brutal, Penda’s assertion is imaged by pictures that could as well be a depiction of Achille Mbembe’s brutalism concept. However, these colorful, monochromatic and relaxing digital representations aim at expressing the marvelous character of a continent that has been incorporated in a devastating matrix.

Besides, the reference to three centuries old allegories of Jonathan Swift in Gulliver’s Travels is undeniable. Indeed, at the center of a XAF currency coin, each scenery shows a giant neat human hand “served” by a Lilliputian African farmer. She’s literally expressing the idea that through the scope of Western capitalism, the confrontation between Africa and West is similar to a Lilliputian subject meeting Gulliver.


About the artist:

Alice Christel Penda is a Cameroonian visual artist working in Cameroon. She graduated from the Institute of Fine Arts (University of Douala) with a Master II en Arts Plastiques et Histoire de l’Art, in 2020. Prior from studying art, she has a B.Sc. in Banking; and, another one in Mathematics & Computer Sciences.

In 2021, her work was showcased in USA (“Import-Export Exhibition” Kent State University on behalf of GURI) and Germany (Sabaa Award 2021). In 2020, she participated in collective exhibitions in Cameroon (“Patrimoine Contemporain”, Centre of Contemporary Art Doual’art) and Italy (“Artisiti del Camerun”, Museo Civico di Taverna). Penda is the recipient of Prince Claus Seed Award 2021.

Her artistic practice focuses on re-examining history, environment and climate emergency and free-expression/civil society. She is currently working upon the post-colonial economical system of Central Africa, and its impact on populations.